Substances

n.f  - du latin Substantia - : 1. Toute matière dont une chose est formée. 2. Essentiel du contenu de quelque chose (texte, discours, etc.)


Chaque projet prend place dans des milieux déjà constitués à l’équilibre fragile. Il faut donc avant tout commencer par regarder, rencontrer, dessiner, partager, toucher, parcourir - toujours avec une grande précaution ! - pour espérer percevoir, comprendre et considérer ceux qui ne font pas toujours de bruit, ceux qui ne sont pas toujours visibles du premier coup d’œil ; ceux qui n’ont presque jamais la parole. C’est ce que nous entendons par intervenir “En Plein Milieu.x”.


Energies


Une attention sans concession ni hiérarchie à toutes les énergies qui habitent et composent les milieux est la condition de l’habitabilité de nos espaces. Ces énergies, qu’elles soient vivantes - humaines et plus qu’humaines - ou non - fluviales, telluriques, atmosphériques et autres -, doivent pouvoir exister pleinement dans un bel équilibre. Il s’agit donc, là où existe préalablement ces “autres choses” qu’il nous faut identifier et considérer, d’offrir un projet architectural qui permettra une cohabitation vivante.


Equilibre


Cette notion permet d'identifier le niveau d'habitabilité des Milieu.x rencontré.s. Plus l’homme s’installe avec précaution, plus l’équilibre préexistant du milieu est préservé et plus la cohabitation entre l’homme et les forces et vivants préexistant est durable et vertueuse. Le maintien de cet équilibre est l’objectif principal de chaque projet architectural et territorial.


Inattendu 


L’intégration des énergies non-humaines (rivières, sol…) à la réflexion, par son caractère aléatoire, amène au cœur de nos systèmes la notion d’incertain et nous fait glisser d’une volonté générale de durabilité à la nécessité vitale d’une résilience. Dans un texte d’une grande lucidité publié en 1973 dans “Science”, l’écologue Holling fait l’apologie de l’ouverture à “l'inattendu” comme la condition absolue de la résilience d’un système.


Intermittence


Un travail de synchronisation entre les usages humains existants et les rythmes des forces identifiées est à amorcer. Il ne s’agit alors finalement plus tant d’aménager le site mais plutôt d’initier les conditions de ses changements d’état au fil des saisons et des années.


Enchevêtrement


De fait, les entités n’existent pas de manière isolée. Chaque élément est soit fraction d’un tout plus vaste, soit composé par la somme d’une multitude d’entités. En outre, les actions de chacun se placent dans un continuum de causes et de conséquences dont on ne peut les extraire. Finalement, l’enchevêtrement est une manière de suggérer la complexité du système sans avoir à revendiquer l’exhaustivité des entités qui le composent.


Entité.s


Élément vivant ou inerte considéré comme une individualité faisant partie d’un tout. Dans nos travaux, le terme renvoie aussi à tout ce qui participe à rendre compte du système étudié, de sa diversité et de sa complexité : vivants divers, infrastructures humaines, patrimoine matériel et immatériel, conditions atmosphériques et telluriques, etc.


Imaginaires


Nous pensons qu’il faille retrouver un rapport presque “mystique” au sens de l’intime avec les composantes naturelles qui nous entourent. Quoi de plus respectable par un individu qu’une eau mythique ou une montagne sacrée ? Le récit et le dessin sont des médiums appropriés à ces sujets mais les matériaux utilisés et leurs provenance le sont tout autant.


Conflits


La stratégie de “protection” contre les sursauts naturels (crue, étiage, tremblement de terre…) utilise une terminologie guerrière ; les lignes de front, les points de rupture, les notions de territoires gagnés sur, perdus sur… les pertes humaines, les zones sinistrées. Notre société est-elle en guerre sur ces territoires ? 


Armistice


Lorsque la peur d’un risque “naturel” mortifère aura quitté nos rangs, nous pourrons percer la digue et découvrir « l’autre côté ». À ce moment-là, tout restera à faire. Il faudra se demander comment nous souhaitons habiter ce Nouveau Monde. Comment habiter les ruines d’un conflit ?


Alliances


Il est urgent de conclure de nouvelles alliances géographiques et biologiques. Ces contrats ont le pouvoir d'entrelacer nos sociétés et les systèmes non-humains, scellant ainsi leur destin commun.


Terrains d’entente


Les “terrains d’entente” sont constitués avec le « déjà là ». Ils sont des lieux et milieux entremêlés constituant le socle et la condition de ces nouvelles alliances. De ces bouleversements émergent de nouvelles interactions dynamiques entre les habitants, les forces en présence et les vivants autres qu’humains. Les multiples interfaces permises par le projet offrent des lieux d’échanges et de rencontres.


Possibles 


Les projets dessinés, discutés et imaginés ne sont alors jamais que des “possibles” qui peuvent advenir. Ils résultent de ces dynamiques et traduisent avec prudence - mais beaucoup d'énergie - des ambitions d’actions sur le territoire. Ils ne sont jamais ni l’unique ni la parfaite solution de l’équation mais ils sont le fruit de souhaits, de considérations et de bienveillance.


Outillage


Pour accompagner au mieux ces réflexions, il faut de bons outils. La Chrono-géographie et le Ligerarium en sont quelques-uns. Chaque milieu rencontré associé à un programme de projet - par son unicité - peut mener au développement d’un nouvel outil de représentation, de compréhension et de sensibilisation.

L’hypothèse est ici faite qu’une part de nos conflits et des nuisances liés à nos installations serait liée à une méconnaissance par les architectes des dynamiques complexes dû à l’absence d’outils de représentation pour les conscientiser, modéliser et finalement pouvoir s’en saisir en les incluant dans les processus de projet.